Certaines personnes restent très réfractaires au changement, quel que soit la nature du changement. Ainsi, au XIX siècle en Angleterre, l’introduction des premières voies ferrées et des trains avait donné lieu à des débats passionnés entre les « modernes » et les « conservateurs ». Selon ces derniers, le train était un danger public, détruisait les paysages, modifiait l’ordre social, marquait le début de la mécanisation et de la disparition de l’homme… Pourtant, le train divisait le temps de voyage par 5 en moyenne par rapport aux modes de transport traditionnels (voiture à cheval ou fluvial).

La communauté internationale qui travaille ou s’intéresse au phénomène de la foudre et aux systèmes de protection traverse ces dernières années les mêmes discussions passionnées, qui feront probablement sourire les lecteurs dans quelques années. Une technologie d’amélioration sensible de la protection (les paratonnerres à dispositif d’amorçage) existe depuis les années 1980. Malgré son utilisation généralisée dans la quasi-totalité des pays, y compris les plus sévèrement impactés par la foudre, les intervenants plus conservateurs s’insurgent et réclament de rester fidèle à une technologie datant … de Benjamin Franklin au milieu du 18ème siècle.

Ainsi, à l’heure des ruptures technologiques de plus en plus rapides, de la data, de l’intelligence artificielle ou de la robotisation, la protection contre la foudre reste un îlot de conservatisme qui s’en tient à des préceptes presque tricentenaires.

Les arguments sont ténus : mieux vaut faire confiance à une technologie éprouvée qu’à des nouveaux concepts. Lors de la présentation de l’Iphone en 2007, Steve Jobs avait utilisé cette métaphore : s’il avait écouté les « spécialistes » de l’époque, le Iphone aurait un cadran, un écran non tactile et un système logiciel quasi inexistant (https://youtu.be/9hUIxyE2Ns8).

La société nationale malaisienne Suruhanjaya Tenaga (ST) a récemment publié sur son site Internet les conclusions d’une étude (https://www.st.gov.my/web/download/listing/72). Cette étude est très intéressante à plusieurs titres :

  • La Malaisie est un pays très foudroyé, jusqu’à 60 coups de foudre / an / km² dans la partie occidentale de la péninsule
  • La Malaisie a été équipée dans les années 1990 et 2000 de beaucoup de Paratonnerres à Dispositif d’Amorçage, accompagnant le développement du pays et le boom de la construction
  • L’étude a été commanditée par une société nationale d’électricité (https://www.st.gov.my/), auprès d’un bureau d’étude malaisien indépendant (https://megajaticonsult.com/).

Au terme d’une enquête nationale (dans 6 régions différentes), de plusieurs semaines, interviewant 328 équipes de maintenance de bâtiments, les résultats montrent que les paratonnerres à dispositif d’amorçage offrent une protection plus fiable que les systèmes conventionnels hérités de Benjamin Franklin :

https://drive.google.com/file/d/1uQ46VhRaDiGwHh2Gmt7Wxru8IGw38Usc/view?usp=sharing

https://drive.google.com/file/d/1QZizQGX-bolBFoz47ZOcbtenF6DAs6Xk/view?usp=sharing

Pour la grande majorité des lecteurs, cette conclusion est évidente. Nul besoin d’une étude pour prouver qu’un avion de ligne est plus fiable et moins dangereux que l’aéroplane de Charles Lindbergh.  Mais dans le domaine de la foudre, de tels résultats ne manqueront pas de créer de nouvelles polémiques et discussions acharnées.